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Scène VI



SARAH, FLAMINIO.


SARAH s’approche avec résolution, puis s’arrête un peu. À part.

Ah ! comme il est pâle ! (Haut.) À présent, monsieur, je vous écoute. Puis-je savoir le motif d’une visite à laquelle je m’attendais si peu ?


FLAMINIO, à part.

Ah ! l’accueil est désobligeant ! (Haut.) Le motif est vulgaire et la visite sera courte, milady. Une personne qui vous tient de près, et que je respecte infiniment, touchée de l’accident dont je venais d’être atteint, et me voyant partir pour Paris, a désiré apparemment m’y créer des ressources dont elle me jugeait dénué. En conséquence, comme je prenais congé d’elle, elle a fait glisser dans ma valise une somme de mille guinées en bank-notes. Je viens seulement de m’en apercevoir, et naturellement, je vous la rapporte, en vous priant de vouloir bien…

Il présente à Sarah un portefeuille que Sarah hésite à recevoir et qu’il pose sur le guéridon.
SARAH, étonnée.

Ah !… vous refusez ?… Mais pourquoi n’est-ce pas à elle-même que… ?

FLAMINIO.

Que je fais cette restitution ? J’ignore quand elle se propose de venir à Paris, et, comme je ne puis me constituer le gardien d’une somme considérable, comme cela ne se confie guère à des domestiques que l’on ne connaît pas, j’ai cru pouvoir me permettre…

SARAH.

Oui, sans doute, monsieur. Mais il y a là quelque chose… qui m’étonne beaucoup !

FLAMINIO.

Milady s’étonne qu’on repousse une aumône ! Oh ! mon