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sais que je suis quelquefois bien aise qu’on m’invite à dîner, vu que…

FLAMINIO.

Diable ! c’est comme ça ? Eh bien, venez dîner avec moi, vous ferez la carte.

LE DUC.

Tu es un bon garçon, mais c’est impossible.

FLAMINIO.

Ah ! oui, un duc avec un comédien ?

LE DUC.

Oh ! je n’ai pas de sots préjugés ; moi ! J’ai trop d’expérience pour ça ; mais, dans une position aussi précaire que la mienne, ne pouvant m’appuyer que sur la considération de mon rang…

FLAMINIO.

Oui, oui, c’est juste. Eh bien, dites donc… mes cinquante francs… partageons-les. Ce sera un jour de gagné : c’est toujours ça.

LE DUC.

C’est sérieusement que tu parles ?

FLAMINIO.

Dame ! pourquoi pas ? Vous avez été très-bon avec moi, très-paternel… et vous savez bien que je n’ai pas l’intention de vous blesser ?

LE DUC.

Mon cher enfant, je te sais gré de ton bon cœur, mais je déclare que tu n’as pas le sens commun. Défais-toi donc de cette générosité princière, et apprends à gouverner ton premier mouvement. Voyons ! jeune comme tu es, beau comme te voilà, aimable, gai, charmant en un mot, tu peux, tu dois partir de cette petite somme que tu as dans la poche, pour remonter le courant de la fortune. Te voilà à Paris, un excellent endroit pour ceux qui n’ont rien à perdre. Il y faut faire ton chemin, et ton chemin, à toi, c’est aux femmes qu’il faut le demander.