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RITA, qui les a écoutés, passant entre eux, et parlant haut.

En voilà bien assez ! (À Flaminio.) Tu as voulu te déguiser dans les habits de ce monsieur ; c’est bien. Je n’ai rien dit. Tu as voulu faire le marquis avec cette dame, je n’ai rien dit. Mais, à présent, tu veux te fâcher, tu veux te battre, et je vas tout dire.

BARBARA.

Oh ! battre…

FLAMINIO.

Vous rêvez, ma chère enfant !

RITA.

Ah ! tu m’appelles vous !

GÉRARD, riant.

Ah ! ma foi, voilà une révélation dont je ne suis pas coupable.

SARAH.

Une révélation ?

RITA.

Eh bien, oui ! c’est Flaminio qui montrait les marionnettes à la dernière foire de Saint-Jean-de-Maurienne, et que mon oncle a embauché pour faire la contrebande. C’est mon fiancé, c’est celui qui m’épousera dans deux ou trois ans.

FLAMINIO.

Oui ! compte là-dessus.

BARBARA, sans beaucoup d’émotion.

Une contrebandiste ?

SARAH, outrée.

Un saltimbanque !

Rita remonte.
FLAMINIO.

Non, Flaminio, l’artiste vagabond, le poëte sans nom et sans avoir. (À Gérard, bas.) Flaminio, le cœur sans fiel, qui ne vous trahira pas. (Haut.) Voici le fait, Excellences ! C’est pour ne point vous effrayer que nous avons menti, lui et moi. J’étais signalé, menacé, traqué. La loi punit de mort le contrebandier, c’est-à-dire qu’on tire sur nous sans crier gare. Eh