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même à droite. Elles sont éclairées par des chandelles de résine placées dans des bouteilles de grès ou par des lampes rustiques Au milieu du théâtre, vers le fond, un pilier d’architecture soutient le plafond. Au pied de ce pilier est placé, sur un patin, un tonneau en perce. Doux valets, moitié paysans, moitié bandits, remplissent des cruches à ce tonneau et les posent sur les tables. Éclairs et tonnerre.




Scène PREMIÈRE


TOURNY, Les Valets.


TOURNY, en avant du théâtre. — C’est un jeune paysan, proprement vêtu, l’air doux et un peu patelin. Il tient dans sa main de petits objets qu’il regarde tour à tour.

Si c’est pour la bombance, je ne dis pas ;… si c’est pour un tapage… De ce que mon père est leu métayer, faut bien qu’il fasse leux commandements ; mais, moi qui demeure bien tranquille, au loin d’ici !… Ces deux brochettes de bois qu’un pauvre m’a remis ce matin !… Celle qui est coupée en pique, c’était de mon père ; ça voulait dire : « Tourny, mon garçon, viens-y ! » Celle qui est taillée en fourche, c’est de ma mère ; ça dit : « Sylvain, mon fils, viens-y pas ! » Je suis venu tout de même… pour le divertissement ; mais, si ça se gâte…




Scène II


Les Mêmes, ANTOINE, LOUIS et PIERRE DE MAUPRAT.

Les valets vont et viennent. Tous les Mauprat sont vêtus fort peu mieux que leurs valets. Ils ont l’aspect de braconniers, l’air et l’attitude du commandement sont leurs seules distinctions.


ANTOINE, entrant, d’une voix forte qui fait tressaillir Tourny.

Allons, dépêchons, vous autres ! Est-ce qu’on ne soupe pas aujourd’hui à la Roche-Mauprat ?