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LE LIEUTENANT CRIMINEL.

Votre devoir est de nous conduire.

TOURNY.

J’obéis, vous voyez ; mais, allez, c’est de la peine perdue.

Ils disparaissent par l’escalier tournant.




Scène II


BERNARD, LE CHEVALIER, les deux Soldats.


BERNARD.

Je ne veux pas me défendre !… Ils disent qu’Edmée vivra… moi, je mourrai tranquille. Elle demande qu’on me pardonne. Ah ! si elle m’eût aimé, ce n’est pas la pitié pour mon sort qu’elle eût trouvé dans son cœur, c’est la foi en mon innocence. (Regardant le chevalier.) Mon pauvre oncle ! noble et bon vieillard ! tu te flattes encore de me sauver ! Que d’énergie la chaleur de ton âme a su donner à ta vieillesse ! Et moi aussi, j’aurais eu des jours brillants et un soir majestueux après une longue vie, si j’avais pu être aimé !




Scène III


Les Mêmes, MARCASSE, apportant un manteau.


MARCASSE.

Le matin très-froid… Votre manteau…

BERNARD.

Excellent ami ! Tu songes à cela ! (Regardant le chevalier.) Tiens ! donne ! (Il veut prendre le manteau pour en couvrir le chevalier : un de ses gardiens, qui se promènent en se croisant dans le fond, fait un pas vers lui, et, d’un signe, l’avertit d’aller reprendre sa place.) Allons ! il m’est défendu de lui parler ! On craint peut-être que je ne l’assassine, lui aussi !…

Il retourne au fond et se tient immobile avec une sorte d’apathie tran-