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vez ; vous m’avez sauvé deux fois la vie au risque de la vôtre. Vous avez été pour moi comme un frère… un égal… un fils aussi… ce qui fait que je… je vous aime et que… je vous aime !

BERNARD.

Ah ! noble cœur ! tu me plains, toi !… oui, toi seul, toi seul au monde, pauvre homme, tu m’aimes, je le sais !

MARCASSE.

Moi… ce n’est pas assez, j’en conviens. (Lui prenant les mains.) Oui, pleurez… ça ne déshonore pas… pleurez !… et puis écoutez bien… (Touchant le pistolet de Bernard à sa ceinture.) Si vous pensez encore… très-possible ! Eh bien, pourquoi pas ? moi aussi : avec vous, vivre et mourir ! mais en secret, tous deux, loin d’ici. Jurez !

BERNARD.

Je te comprends, je dois sauver ma dignité !

MARCASSE.

Qu’est-ce que c’est que de mourir ? Pas grand’chose !

BERNARD.

Tu as raison… Le désespoir, c’est la faiblesse !

MARCASSE.

Bien ! alors, nous irons, et, quoi qu’il y ait là-bas… belle tenue, bon visage, esprit ferme.

BERNARD.

Oui, oui, partons !…

MARCASSE.

Vous êtes fatigué, malade, défait ! Il ne faut pas. Buvez un verre de ce vin, jetez-vous sur ce lit… dix minutes, comme en campagne, cela remet… le temps que je sellerai votre cheval. Vous promettez… la ?…

BERNARD.

Sur l’honneur !

MARCASSE.

Bon ! merci !