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ANTOINE, la prenant sur son cœur.

Je suis content de toi… (il s’attendrit malgré lui.) Je te bénis ! je t’aime ! oui, de toute mon âme ! (il l’embrasse plusieurs fois avec effusion. — À part, levant les yeux au ciel et tenant sa fille dans ses bras.) Ah ! monsieur Vanderke, vous ne savez pas ce que je souffre ! (À Victorine, qu’il repousse doucement.) Allons, allons, monsieur m’attend ; et, toi, il faut te reposer… faire ta prière, penser à ta pauvre mère qui était une honnête femme… et puis ne plus penser à rien, entends-tu ?

VICTORINE.

Oui, mon papa.

ANTOINE, à part, s’en allant, et s’arrêtant pour regarder Victorine qui reste immobile.

Je ne sais pas, mais j’aimais mieux la voir pleurer !… Ah ! le courage intérieur n’y est pas !… (Haut.) Victorine !

VICTORINE tressaille.

Mon papa ?

ANTOINE.

Voyons, écoute-moi… (À part.) Oui, il faut lui donner la volonté. (Haut.) Écoute-moi bien… As-tu du courage, du vrai courage ?

Il s’assied et la prend sur ses genoux.
VICTORINE.

Oh ! il me semble que j’en ai beaucoup.

ANTOINE.

C’est qu’il en faut, vois-tu, pour faire son devoir… As-tu de la fierté… du respect pour toi-même… , ce qui s’appelle du cœur ?

VICTORINE.

Je l’espère.

ANTOINE.

Eh bien, il faut épouser Fulgence !

VICTORINE.

Est-ce que je ne fais pas ce que vous voulez ?