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ANTOINE.

Non, non, ce ne sera rien… (Il s’en va et revient.) Est-ce que… est-ce que c’est vrai que tu as la fièvre ?

VICTORINE.

Je ne crois pas. Voyez ! j’ai les mains très-froides.

ANTOINE.

Mais non ! elles sont très-chaudes. Souffres-tu ?

VICTORINE.

Je ne sens rien.

ANTOINE.

Si tu te trouvais malade dans la nuit… il faudrait appeler.

VICTORINE.

Oh ! je ne voudrais pas réveiller Sophie.

ANTOINE.

Sans la réveiller, tu sonneras… ici, tiens la sonnette, qu’on entend de mon cabinet. J’y passerai une bonne partie de la nuit avec monsieur.

VICTORINE.

Soyez donc tranquille, mon papa, je ne serai pas malade.

ANTOINE.

Ni demain non plus ?

VICTORINE.

Ni demain non plus.

ANTOINE.

Tu seras fraîche, jolie, pas triste ? cela me ferait de la peine ! pas trop gaie, cependant, ce ne serait pas modeste. Là… un petit air décent… de la piété à l’église, de la politesse avec tout le monde, ton naturel enfin.

VICTORINE.

Vous serez content de moi. Oh ! un jour comme celui-là, je ne veux pas vous affliger.

ANTOINE.

Bien, mon enfant, je t’en remercie.

VICTORINE.

Et à présent vous voulez bien me bénir ? C’est toute la récompense que je demandais pour ma soumission.