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va ! Demain serait donc un beau jour dans la famille, si Alexis n’était pas absent, et si Victorine ne devait pas nous quitter bientôt !

VICTORINE.

Ah ! j’étouffe quand j’y pense ! Madame, ne m’y faites pas penser !

MADAME VANDERKE.

Eh bien, tu as le frisson ? Tu étais si insouciante tantôt, que je t’accusais presque de ne pas nous regretter !

ANTOINE.

Est-ce qu’elle sait ce qu’elle pense ? Elle est si fantasque !

MADAME VANDERKE, observant Victorine.

C’est vrai qu’elle est un peu fantasque… depuis quelque temps… et aujourd’hui, surtout !… Est-ce qu’elle aurait encore la fièvre ?

ANTOINE.

Non, non, elle ne l’a pas eue aujourd’hui.

MADAME VANDERKE, à son mari.

Mon ami, vous qui êtes le médecin de la maison, le seul en qui j’aie confiance, vous le savez ! voyez donc ce soir…

VANDERKE, prenant, en souriant, le bras de Victorine.

Voyons, madame la malade !

VICTORINE.

Oh ! je ne suis pas malade. (À part.) Malheureusement pour moi !

MADAME VANDERKE, à son mari, qui est devenu sérieux en tâtant le pouls à Victorine.

Eh bien ?

VANDERKE.

Elle s’est beaucoup agitée aujourd’hui ; elle a de la fièvre.

ANTOINE.

À cet âge-là, on l’a toujours !

MADAME VANDERKE.

Mais, si elle était malade demain, il faudrait retarder encore la cérémonie. On n’est pas souffrant sans que l’esprit s’en res-