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Scène X


PIERRE, VALENTIN.


VALENTIN.

Tu me demandes, Pierre ? Qu’as-tu donc ? Ta figure est bouleversée !

PIERRE.

Valentin ! Je viens de trouver un serpent sous mes pieds. J’ai horreur de ce qui rampe, de ce qui mord traîtreusement… Ça m’a donné froid dans tous les membres ! — Ah ! tu parais étonné de ça, toi ?

VALENTIN.

Non, Pierre, je comprends !… Tu sais tout ! C’est un malheur pour nous deux ! Mais, pour toi, il est réparable ; et, quelque mauvaise que soit ta blessure, je sais qu’elle pourra guérir : je m’en charge.

PIERRE.

Encore ? Grand merci ! Vous vous êtes donné assez de peine pour moi, et je n’en pourrais accepter davantage sans risquer…

VALENTIN.

De me haïr ? Non, Pierre ; tu ne le pourrais pas ! Ce moment d’injustice passera, et tu reconnaîtras que la cause de ta souffrance est en toi-même.

PIERRE.

Ou dans les lâches cœurs qui ont aigri et brisé le mien !

VALENTIN.

Accuse-moi, j’y consens ! Je serai bientôt justifié ; mais garde-toi d’insulter, même dans ta pensée, celle dont tu veux, dont tu dois faire ta femme !

PIERRE.

Ma femme ? Quoi ! vous continuez… ? Ah ! c’est trop, Valen-