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NOËL, se levant.

C’est fort bien ; mais, moi, dites donc, Valentin ?

VALENTIN, marchant à lui.

Eh bien, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, à vous ?

NOËL.

Ah çà ! est-ce que tu es fou, aussi, comme ton ami Pierre ?

VALENTIN.

Je vous défends de prononcer ici le nom de Pierre.

NOËL.

Tu me défends ? Il n’y a que les femmes pour me parler comme ça. Voyons, entendons-nous ! Tu es un bon camarade, bien gentil, et, jusqu’à présent, je t’ai aimé de tout mon cœur ; mais, quand je fais la cour à une fillette, que ça soit sérieux ou non, je ne souffre pas qu’on me critique. Fais-y attention, et parlons d’autre chose.

VALENTIN.

Noël Plantier, vous êtes aussi un bon camarade, et, jusqu’à ce moment, j’ai eu beaucoup d’amitié pour vous ; mais, quand il me plaît de critiquer un fat, personne ne peut m’en empêcher. Qu’avez-vous à dire ?

NOËL, en colère.

Un fat !… moi un fat ? Si on peut !… Ça, c’est trop fort. Tu soutiendrais que je suis un fat ?

VALENTIN.

Oui, si j’espérais te le persuader assez pour… Mais il n’y aurait pas moyen !…

NOËL.

De me fâcher ? Si fait ! prends-y garde ! ça pourrait bien finir par là !…

VALENTIN.

Allons donc ! (il fait un geste de menace.) Faudra-t-il… ?

NOËL, faisant un geste analogue.

Minute ! ça n’est pas nécessaire, nous ne sommes point des manants !