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NOËL, à Suzanne.

Ah çà ! maintenant, me direz-vous… ?

SUZANNE, railleuse.

Qu’est-ce que tu veux que je te dise, mon pauvre Noël ? Je n’ai pas de rancune, moi, et, quand je t’ai entendu dire là tout à l’heure : « Si je n’avais pas donné ma parole… Ça m’a bien coûté un peu… Si Suzanne n’était pas si jalouse… la famille si respectable… »

NOËL.

Suzanne, vous me cherchez une mauvaise querelle. Est-ce que, par hasard… ? Pourquoi donc Valentin refuse-t-il d’épouser la petite Reine, quand vous me colloquez cette jeunesse ?

SUZANNE.

Ah ! dame ! je ne sais pas ; mais, si ce pauvre garçon m’aimait… ce ne serait pas de sa faute ; ça fait toujours plaisir, ça flatte, à tout le moins, quand un beau jeune homme… car il est fort bien, il n’y a pas à dire, et ceusse qui diraient le contraire…

Elle se détourne pour rire.
NOËL, à part.

Ah ! la mauvaise ! Elle me reprend ! Eh bien, puisque c’est comme ça, je vas la faire endêver. (Haut.) C’est bien, c’est bien, Suzanne ! Alors, avec votre permission, je vas faire la cour à ma nouvelle amante ?

SUZANNE.

Oui, oui, allez ! (À part, pendant que Noël va s’asseoir auprès de Reine ; et regardant Pierre, qui affecte de repasser son outil sur la meule que lui tourne Valentin, mais qui observe toujours Reine.) Il est temps qu’elle lui explique l’affaire… Mais Pierre en prend-il bien son parti ?

Elle va vers lui.
PIERRE, s’éloignant un peu du hangar avec Suzanne.

Eh bien, Suzanne, tu me donnes le bon exemple. Tu ris de cette chose ridicule, n’est-ce pas ?