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ANTOINE, ouvrant le portefeuille.

Mais, monsieur… ce mandat sur votre caisse… c’est trop ! c’est impossible ! c’est une dot, cela !

Il passe près de Vanderke.
FULGENCE, à part.

Une dot ! j’en étais sûr !

VANDERKE.

Eh bien, est-ce que je ne te dois pas d’assurer le sort de ta fille ?

ANTOINE.

Mais, monsieur, cinquante mille livres !… Non, non, c’est trop ! vos enfants…

MADAME VANDERKE, tenant sa fille par la main.

Antoine, vous n’avez pas le droit de refuser. C’est la famille entière qui s’associe aux intentions de son chef.

VICTORINE, émue.

Oh ! je n’avais pas besoin de cela, monsieur Vanderke… Madame ! Sophie ! vous me faites presque de la peine avec ce gros cadeau-là ? Est-ce que j’avais besoin d’argent, ici ? est-ce que vous ne voulez plus que je demeure ici ?

MADAME VANDERKE.

Je compte, au contraire, que tu y resteras tant que nous vivrons.

VICTORINE.

Oh ! en ce cas, merci, merci !

SOPHIE.

Mais regarde donc, ta robe de noces ! J’y ai joint quelques dentelles et un petit collier, car je veux aussi te parer. Tu étais si contente de me voir belle, il y a trois mois, le jour de mon mariage.

Elles vont auprès de la table.

VICTORINE, ouvrant le carton et s’asseyant pour regarder. Ah ! mon Dieu ! une robe de moire, des perles, du point d’Angleterre !… mais je n’oserai jamais porter tout cela !

SOPHIE, lui donnant un autre carton.

Et voilà les fleurs, les rubans et les gants de la part de