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NOËL.

Ah ! la petite coquette, qui fait celle qui n’entend pas ! Savez-vous, Reine, que vous êtes tous les matins plus jolie que la veille, et que ça crève un peu le cœur à un jeune homme sur le point de se marier, de voir que tant de belles roses fleurissent quand même dans le jardin des amours ?

REINE.

Ah ! vous allez recommencer vos fadaises ? Qu’est-ce que vous venez donc faire ici ?

NOËL, montrant Valentin.

Eh bien, qu’est-ce qu’il y fait, lui, je vous le demande ?

REINE.

Vous voyez ! il se repose. Faites-en autant si le cœur vous en dit, je ne vous dérangerai pas.

NOËL.

Savoir ! Vous craignez Suzanne ; mais, si je voulais…

REINE.

Vous auriez beau vouloir ! du moment qu’on parle comme ça… !

NOËL.

Vous vous trompez bien. Ceusse qui doutent d’eux-mêmes sont toujours repoussés. Si Pierre voulait me demander conseil, je lui enseignerais bien la manière d’apprivoiser une jolie petite linotte comme vous.

REINE.

Pourquoi me parlez-vous de Pierre ? Êtes-vous chargé de ça, vous aussi ?

NOËL, regardant Valentin.

Moi aussi ?… Ah ! Non, pas du tout. Mais on a des yeux, et on voit bien que Pierre soupire et que ça vous amuse. Dame ! c’est naturel. Vous n’êtes pas vilaine, ma foi, et ça n’est pas ennuyeux de prier une petite image comme vous ! Mais charger les autres de dire l’oraison… Il y en a qui s’endorment en route : c’est tant pis pour eusse ! Il y en a aussi qui ne s’endormiraient point… mais on ne les pousse pas dans le