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LE MAESTRO.

Est-ce que ça t’intéresse, toi ? Laissez-moi ! je ne connais plus aucune de vous !

NINA.

Eh bien, et moi ?

LE MAESTRO.

Ni vous non plus. Est-ce ainsi que vous avez surveillé vos sœurs ? Je me reposais sur vous aveuglément, sottement… En voici une qui se fait enlever !… l’autre…

FLORA.

Eh bien, l’autre ?… Que reprochez-vous à Camille ?

LE MAESTRO.

Je ne vous parle pas ! Je lui reproche d’avoir désolé ma vieillesse et flétri mon cœur par son manque de confiance en moi, par son manque de dignité envers elle-même peut-être !

CAMILLE.

Oh ! mon ami !…

LE MAESTRO.

Qu’est-ce que c’est donc, mademoiselle, qu’un engagement si secret, qu’un ami comme moi doive l’ignorer ? Celui que vous avez choisi ne peut être qu’indigne de vous, puisque vous me l’avez caché si bien !… Nommez-le donc, voyons ! je vous en défie !… (Camille garde le silence.) Vous voyez bien ! vous vous taisez ! c’est bien ! Moi, je vous abandonne… Je devrais vous maudire !

CAMILLE.

Ah ! tuez-moi tout de suite, si vous ne m’aimez plus !

LE MAESTRO, ému.

T’aimer… (En colère.) Non, je ne veux plus t’aimer ! Pourquoi aimer des enfants ingrats ? Est-ce que tu m’aimes, toi qui as disposé de ton avenir sans mon aveu ?

CAMILLE, à sa sœur.

Oh ! Flora ! tu n’avais pas prévu que j’aurais tout cela à souffrir !

NINA, au maestro, d’un ton de reproche.

Ah ! tenez ! vous avez des moments, vous, où, si l’on ne