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FLORA, au prince.

Avec vous ?

CAMILLE, pâle et tremblante.

Et pour toi, malheureuse enfant !

FLORA.

Ah ! ciel !… Est-ce qu’il est en danger ?

LE PRINCE, allant vers la porte de gauche qui est restée entr’ouverte, et s’y arrêtant un instant.

Qui sait ? J’en serais désolé ; car, en fin de compte, s’il est un peu fou, c’est un très-galant homme !

NINA.

Oui ! c’est un fou, à vos yeux, celui qui défend l’honneur d’une pauvre famille !

CAMILLE, à demi-voix.

Ne parle pas à cet homme-là, ma sœur !

LE PRINCE, qui l’a entendue.

Ah ! voilà un cruel reproche, signora, et, de la part d’une de nos gloires, il m’est fort sensible. Allons, j’espère me faire pardonner un jour : en attendant, je peux bien vous jurer que je n’ai jamais eu le dessein…

CAMILLE.

Pardon, prince. Une pareille explication entre nous serait trop délicate ; épargnez-la-moi… Dans ce moment surtout !… (À Nina.) Ne peut-on savoir de ses nouvelles ?

LE PRINCE, toujours avec aisance.

Tout ce que je peux vous en dire, c’est que j’ai fait mon possible pour ménager votre chevalier, et que je n’ai jamais vu d’homme plus déterminé à donner sa vie pour une femme !

FLORA.

Ah ! vous l’avez tué, je parie !

LE PRINCE.

Et vous aussi, ingrate, des reproches ?

Il entre dans la chambre de gauche.