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sa vie au travail. Tu ne vois sur ses maisons et sur ses carrosses ni blason ni couronne, et, tandis que beaucoup de traitants payent pour en avoir, lui qui en a n’en fait pas montre. Eh bien, il n’a pas plus l’amour de l’argent que celui des titres. Il s’est fait négociant par reconnaissance, il est resté négociant par amour de l’ordre et de l’activité. Il est devenu riche sans désirer autre chose que de donner l’exemple de la probité dans le commerce, et il l’a toujours donné. Il rit des reproches de sa sœur, des dédains de sa caste, et veut que ses enfants soient fiers de ses principes.

FULGENCE, avec un peu de dédain.

Mais son fils ne les partage pas ?

ANTOINE.

M. Alexis Vanderke n’a peut-être pas encore d’opinions arrêtées. Il est un peu séduit par le monde, mais c’est un bon jeune homme, un digne enfant ! Je l’aime comme s’il était mon fils, et je sais, moi, qu’il continuera le bien que fait son père… Ah ! chut ! le voilà.

Pendant toute cette scène, Antoine est à son bureau, Fulgence debout devant un pupitre à écrire. Ils se dérangent et se replacent, en parlant, sans cesser de paraître occupés.



Scène IV

FULGENCE, ALEXIS, ANTOINE.
ALEXIS, entrant par la porte du fond.

Bonjour, père Antoine ! (Il lui serre la main et salue Fulgence.) Bonjour, monsieur Fulgence. (À Antoine.) Je viens te demander encore vingt-cinq louis ; j’ai quelques emplettes à faire ce matin.

ANTOINE.

Je vais vous compter ça. Mais je ne les ai pas ici… Je vais à la caisse.

Il sort par la porte de droite.