Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE MAESTRO.

Parlez-lui musique.

LE MARQUIS.

Non ; car, malgré moi, je lui parlerais d’elle-même, et je me suis promis de ne lui adresser aucune sorte d’éloge.

LE MAESTRO.

Vous me disiez pourtant…

LE MARQUIS.

Oh ! ne lui répétez rien de ce que j’ai pu dire hors de sa présence. Il y a au fond de l’humilité des grandes âmes une dose d’orgueil bien légitime. Elles sentent que, s’il est permis à tout le monde de les adorer, il n’est pas permis à tout le monde de le leur dire. Si j’étais vous, je lui dirais… Mais je ne suis que moi, et je ne lui dirai rien, dussé-je étouffer !

LE MAESTRO.

À la bonne heure ! (À part.) Je me disais aussi : « Qu’est-ce qu’il a donc ? »

FLORA, avec dépit.

Le marquis possède toutes les formules de la louange. J’espère, Camille, que tu es contente ?

CAMILLE.

Je suis reconnaissante de l’intention ; mais je n’accepte pas…

NINA.

Il faut accepter ce qui vient du cœur, va ! et l’on voit bien que, chez lui, c’est le cœur qui parle. Moi, je l’en remercie pour toi. Tiens…

Elle tend sa main au marquis, qui la lui baise. Flora éclate de rire. Nina a fait un exclamation d’étonnement.

LE MAESTRO.

Ah ! ah ! vous avez donc fini de pleurer ? À présent, de quoi riez-vous ?

FLORA.

De la figure de Nina quand on lui baise la main. Elle n’est pas habituée à ça.