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PÉDROLINO.

Oui, baille-moi le plus furieux soufflet !… ça enlèvera le venin du serpent !

VIOLETTE.

Tiens ! (Elle l’embrasse.) Le v’là ôté !

PÉDROLINO, éperdu.

Oh la la ! mon Dieu ! je vas mourir… Non, je vas crier… je vas danser…

Il saute comme un fou, embrasse la Marinette et court au docteur, qui hésite un instant, sourit et se décide à le recevoir dans ses bras.
LE DOCTEUR.

Ce n’est pas une raison pour m’étouffer ! Allons, je vois bien que, s’il y a de grands coquins par le monde, il y a encore des cœurs simples, qui savent aimer ! Tenez, je n’ai jamais chéri les marmots ; mais vous voilà tout élevés, vous deux, et je vous adopte pour me faire société, pour soigner ma petite maison de Récoaro en mon absence, et m’y faire bon accueil au retour ; m’y garder tout à fait quand je serai caduc ; recueillir mon héritage et soigner mon tilleul après moi. (À Marinette.) Et vous, vieille femme, allez faire vos paquets… Pédrolino, ma carriole !… Ah ! mes vacances, je vais donc enfin vous passer en paix et en joie !…

PÉDROLINO.

    Embrassons-nous, mignonne,
    Malgré ce qu’on dira.

VIOLETTE.

    Pour ne fâcher personne,
    Faut qu’on le permettra.

PÉDROLINO, au public.

    Le baiser qu’elle donne,
    Faut pas qu’on en rira.

VIOLETTE.

    Pour que la chos’ soit bonne,
    Faut qu’on l’applaudira.

Pendant ce couplet, le notaire passe des larmes à la mélomanie, et accompagne de ses gestes et de sa physionomie.