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LE DOCTEUR, se levant.

Ah ! voilà que c’est ma faute, à présent !… Si vous avez un oncle qui se mêle de mourir, si vous aimez un imbécile, si Colombine est une drôlesse, si vous êtes jalouse, et si votre amoureux devient fou… c’est la faute au docteur, oui, allez, c’est sa faute… Dérangez-vous donc de vos habitudes, perdez votre temps, sacrifiez vos aises, soyez fatigué, désorienté, ahuri… tout cela pour une péronnelle qui… Morbleu ! c’est bien fait et je n’ai que ce que je mérite…

VIOLETTE, pleurant.

Allons, le voilà qui se fâche aussi lui, à présent… Ah ! je le vois bien, je mourrai ici !

LE DOCTEUR.

Allons, allons, un peu de raison, que diable ! Qu’est-ce que vous voulez ?

VIOLETTE.

Qu’on m’empêche d’être brouillée avec mon pauvre amoureux du bon Dieu !

LE DOCTEUR.

Qui vous empêche de vous réconcilier ?

VIOLETTE.

Pardi ! c’est vous, qui lui ameutez toutes ses idées contre mon héritage.

LE DOCTEUR.

C’est à vous de le rassurer… et, si vous étiez bien sûre de vous-même… Mais que sais-je si vous l’êtes ?

VIOLETTE.

Ah ! voilà que vous pensez mal de moi aussi ?

LE DOCTEUR.

Eh ! ce n’est pas de vous que je doute, c’est de l’amour durable, de l’amitié désintéressée. Est-il affection si bien tissue qu’elle ne montre bientôt la corde ?

VIOLETTE.

Eh bien, qu’est-ce que vous en savez de ça, vous ?