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plus contente qu’avec vous. Mais, pendant que vous faites vos chiffres, vous ne me regardez seulement pas ; c’est comme si vous étiez seul.

ANTOINE.

Eh bien, regardez-moi, vous qui n’avez rien de mieux à faire !

VICTORINE.

Vous regarder ?

ANTOINE.

Oui, regardez-moi avec attention, , pendant que je travaille, et vous me direz ensuite à quoi vous avez pensé.

VICTORINE, allant prendre une chaise et venant s’asseoir auprès d’Antoine.

Je veux bien, mon papa.

ANTOINE, après avoir broché rapidement une copie, quittant la plume et regardant sa fille.

Eh bien ?

VICTORINE.

Eh bien, mon père ?

ANTOINE.

À quoi pensez-vous ?

VICTORINE.

Je pense à vous.

ANTOINE.

Que pensez-vous de moi ?

VICTORINE.

Que vous avez bien de la peine.

ANTOINE.

Bien ! Après ?

VICTORINE.

Que vous aimez bien votre maître, le bon M. Vanderke ; que vous voudriez mourir pour lui comme vous avez vécu pour lui, que vous prenez ses intérêts plus que les vôtres… que vous ne connaissez qu’une chose au monde, votre devoir, et que vous sacrifieriez à votre devoir votre bonheur… le mien, enfin tout !