Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

PÉDROLINO.

Sept.

COLOMBINE, d’un ton caressant.

Tu en passes trop d’un coup !

PÉDROLINO.

Je n’en passe guère. Allez ! huit.

COLOMBINE.

Eh bien, huit. Ne serrez donc pas si fort !…

PÉDROLINO.

Dirait-on pas que je vous étrangle les mains ! Y êtes-vous ? Neuf, je tiens mon pied de bœuf !

Il frappe de toute sa force.
COLOMBINE, en colère, se levant.

Bœuf vous-même ! vous m’abîmez !… j’en aurai la main rouge pour plus de deux heures. Quel mal-appris êtes-vous ? Vous mériteriez cent soufflets !

PÉDROLINO.

Oui-da ! vous vous faites comprendre à cette heure ; il paraît que, quand vous êtes montée à parler iroquois, faut vous cogner pour que ça se passe.

COLOMBINE, furieuse.

Butor ! bourru ! grossier ! escargot ! cheval !

PÉDROLINO.

Oh ! comme les mots vous viennent sous le pouce, à présent ! Tétigué ! vous n’êtes pas belle joueuse. (Il prend la main de Colombine, qui lui montre la trace du coup, et il souffle dessus.) Tenez, ça n’y paraît plus.

COLOMBINE, à part, apercevant Violette, qui vient par la droite.

Ah ! ma foi ! pour te punir, animal ! je te veux brouiller tout de bon avec elle. (Haut.) Cher cœur, va, je le vois bien que tu m’aimes, et, puisque tu le demandes avec tant de grâce, je te l’accorde, ce doux baiser d’amour.

Elle l’embrasse vivement, feint d’apercevoir Violette, jette un cri simulé, et se sauve par la gauche en riant sous cape.