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clure par le mariage de Victorine avec Vanderke fils, je répondrai que je n’accepte pas cette assertion, et que, si ma conscience littéraire n’est pas satisfaite de mon œuvre, du moins ma conscience personnelle est tranquille en ce qui concerne le maître dont je suis l’admirateur aimant et pénétré.


Le sentiment dont j’étais animé en rendant hommage à la mémoire de Sedaine a été vivement partagé par les excellents artistes qui ont mis tous leurs soins à représenter le Mariage de Victorine. Le Gymnase doit être un théâtre de prédilection pour quiconque aime à se voir secondé par un travail actif, consciencieux et intelligent avant tout. Lorsque j’ai confié l’exécution de ma pièce à M. Lemoine-Montigny, j’ai eu à me louer infiniment des soins éclairés apportés par lui à la mise en scène et à la réduction, toujours nécessaire, de certains détails, qu’une grande expérience du théâtre peut seule apprécier. Quant au talent individuel des artistes du Gymnase, le public, qui l’a tant de fois applaudi, a pu le constater une fois de plus en cette occasion. Madame Rose-Chéri a été une ingénue adorable, digne, ainsi que M. Geoffroy (Antoine), des plus beaux temps de la Comédie-Française. M. Dressant, dans le rôle de Vanderke fils, et M. Lafontaine, dans celui de Fulgence, ont peint, chacun avec une vérité touchante et profonde, un même sentiment modifié dans deux types complètement opposés. Mademoiselle Figeac, aimable et jolie dans un petit rôle, et mademoiselle Mélanie, sympathique dans un rôle plus court encore, ont bien voulu concourir à l’ensemble remarquable de l’exécution. Quant à M. Dupuis, chargé du rôle du philosophe sans le savoir, il a été noble, généreux et simple comme le type de Sedaine, et, si les types primitifs se sont effacés sous ma plume, du moins les artistes que je remercie leur ont rendu tout ce que je pouvais leur avoir fait perdre.

G. S.