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docteur, vous consentirez à nous accompagner à ce château ?

LE DOCTEUR.

Moi ?… Non, le diable m’emporte !

Il va se rasseoir.
MARINETTE.

Qui donc nous conseillera ?… Qui donc nous émouchera tous ces gens de loi et de chicane qui nous vont gruger ? Ah ! nous y mangerons bien le tout, nous deux, pauvres femmes qui n’entendons rien à tout ça ! (À Violette.) Prie-le donc aussi, toi ; te voilà comme une endormie !

VIOLETTE.

Dame ! est-ce que j’ai le cœur de le tourmenter, ce pauvre cher homme, qui est si bon, si content dans sa petite campagne, et qui a tant besoin de se reposer !

LE DOCTEUR.

À la bonne heure, vous ! vous parlez sagement.

PÉDROLINO.

Pour ça, c’est vrai, monsieur a tant de fatigue et de tintoin le long de l’année, que c’est pour le rendre imbécile ! En disant cela, il veut ranger la table sur laquelle le docteur a le coude appuyé, et il la tire au risque de le faire tomber.

VIOLETTE.

Oh ! il n’y a pas de danger, il aura bien toujours de l’esprit pour quatre.

PÉDROLINO.

C’est égal, contrarier monsieur, c’est risquer de le rendre enragé !

VIOLETTE.

Oh ! que non, il ne mangera jamais personne, lui !… Mais on ne doit point lui manger son temps et sa peine.

LE DOCTEUR, se levant.

Cette fille a vraiment du bon ! (À part.) Si je m’en croyais ! (Haut.) Non, non, je suis toujours dupe de ma faiblesse, et, cette fois, on ne m’y prendra point… Allez, Marinette, faites vos paquets. (À Pédrolino.) Toi, tu vas atteler ma carriole ; je la leur prête, et elles partiront toutes deux à midi… Oui, oui,