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prétentions sottes que parce qu’on n’a pas, apparemment, l’idée de ce qu’est le travail modeste et patient du mineur dans son trou. S’il y trouve quoi que ce soit qui n’ait pas encore été complètement étudié, il l’apporte à la lumière pour qu’on s’assure de ce que ce peut-être. Libre à vous de ne vous en point servir : mais prenez garde qu’on ne marche un jour sur votre dépouille avec le même mépris que vous mettez à fouler celle de vos pères.

J’ai défendu la pensée et le but de mon petit travail. Je ne défendrai pas mon œuvre contre des critiques personnelles ! Je n’ai ni le temps ni le goût de ces choses-là. J’aime mieux rêver, chercher, essayer, m’améliorer en un mot, que de détruire les autres ; et je conseille à tous mes confrères de ne jamais se défendre autrement tant que l’art leur procurera des jouissances intimes et des convictions patientes.

Quant aux critiques sans passion, il faut au moins qu’elles portent juste. C’est ce qui est impossible aux esprits les plus féconds et les plus brillants, lorsqu’ils ont à traiter, du jour au lendemain, une matière qui ne leur est pas familière. Toute chose demande une certaine étude, et je n’ai trouvé, dans aucune des critiques qui m’ont été faites, la seule chose qui pût m’intéresser et m’instruire, une appréciation juste du fonds où j’ai puisé. J’ai dit quelque part et je répète que la critique est rarement sérieuse en ce temps-ci. Cela tient, non à l’impuissance des esprits (nul siècle n’en a peut-être produit de plus maniables), mais à l’effervescence des choses extérieures qui ne permettent qu’à bien peu de gens la réflexion, l’examen et la certitude.

Or, il est besoin de ces trois choses pour faire ou juger même les œuvres futiles en apparence. On prétend qu’une recherche dans le passé, à propos de l’origine, de la formation, du progrès, de l’histoire, en un mot, de la parole et de la pensée, paraîtra toujours un caprice bizarre à la masse du public. Je persiste à n’en rien croire, sachant fort bien que ce sont les gens du métier qui proclament cette assertion, impie dans la bouche de quiconque prétend à être artiste. La