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MOLIÈRE.

Cherche-la et dis-lui que je l’attends ici pour représenter la scène du troisième acte. Elle n’a que faire de voir le second, elle n’y paraît point.




Scène III


MOLIÈRE, CONDÉ.


MOLIÈRE.

Votre Altesse me veut parler ? Je suis à ses ordres.

CONDÉ.

Je vous dérange peut-être beaucoup en ce moment, Molière ; mais j’aurai bientôt dit, et il me semble qu’après cela, vous jouerez et, moi, j’applaudirai votre Tartufe de meilleur cœur. Tenez ! votre femme…

MOLIÈRE

Ma femme ?

CONDÉ

Votre femme, oui, je vous parle d’elle ; votre femme est allée passer quelques jours à Chantilly, sur la demande des princesses mes filles, qui ont voulu jouer avec les dames de leur cour une petite pièce de comédie, je ne sais laquelle. Je n’y étais point, j’arrive du camp du roi. Je n’ai point vu chez moi madame Molière, je ne sache point l’avoir vue hors de votre présence. Voilà tout ce que j’avais à vous dire, et, à présent, je suis votre serviteur.

MOLIÈRE.

Je rends grâce à Votre Altesse du soin qu’elle prend de justifier ma femme ; je n’en avais nul besoin. Je sais que ma femme est rigide dans ses mœurs, et je n’ai jamais cru que le grand Condé pût descendre à vouloir outrager secrètement un homme qu’il caresse en public.

CONDÉ.

Monsieur Molière, vous dites cela d’un ton !… Je vous prie