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Qu’en vain tu charmes le vulgaire,
Que tes vers n’ont rien de plaisant ;
Si tu savais un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairais pas tant.

Merci, Boileau ! Tu crois qu’il faut me consoler des injures des bigots ! tu crois que ma souffrance provient de leurs injures et de leurs persécutions ! Chapelle le croit aussi !… Mes amis, vous vous trompez tous ! Si je n’avais point d’autres maux à combattre, ma force y suffirait de reste. Hélas ! mes douleurs les plus âpres ne sont point celles du poëte et du comédien, mais bien celles de l’homme, et mon cœur saigne par tant de blessures, que je ne sens plus celles que l’on veut faire à mon amour-propre ! (La porte s’ouvre doucement.) Qui vient là ?




Scène III


MOLIÈRE, PIERRETTE, amenant la petite Madeleine Molière, qui porte un gros bouquet de fleurs.
La petite Molière est un enfant de six à huit ans.


LA PETITE MADELEINE.

C’est moi, mon papa, qui me suis levée de bonne heure, parce que Laforêt dit que c’est aujourd’hui votre fête, et qu’il faut vous présenter, à votre réveil, ce que vous aimez le mieux.

MOLIÈRE

Oh ! oui, certes, elle a bien raison, ta bonne Pierrette ! elle sait que ma petite Madeleine est ce que j’aime le plus au monde !

Il l’embrasse.
LA PETITE MADELEINE.

Laforêt a dit comme ça que ma marraine, la tante Béjart, viendra me voir, pour bien sûr, aujourd’hui, et qu’elle m’apportera une belle grande poupée. Et ma petite maman, quand est-ce donc qu’elle viendra ?