Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/383

Cette page n’a pas encore été corrigée

ARMANDE.

Oui, si vous me promettez le secret vis-à-vis de tout le monde (montrant Molière), et de lui tout le premier.

MADELEINE.

Vous l’entendez, mon ami ? Que dois-je faire ?

MOLIÈRE, se levant.

L’écouter, la conseiller dans son intérêt ; la marier avec celui qui lui plaît, si c’est un honnête homme, et ne me point consulter, puisque telle est la fantaisie de son ingratitude.

Il passe dans son cabinet.
MADELEINE, à part en le regardant sortir.

Mon Dieu ! comme il souffre !




Scène XV


MADELEINE, ARMANDE.


MADELEINE.

Voyons, ma chère Armande, je suis ta meilleure amie et te sers de mère depuis longtemps. Dis-moi ta pensée.

ARMANDE.

Ma bonne sœur, ce que j’ai à vous dire vous va chagriner, car je suis fort à plaindre. J’aime. Molière, et Molière ne m’aime point. Il ne m’aimera jamais, et, m’aimât-il d’ailleurs, il ne se veut point marier. Le soin de mon honneur et ma dignité me commandent de l’oublier, et, pour cela, je vous prie de m’aider à m’éloigner de lui, et à feindre que j’ai dessein de me marier avec quelque autre.

MADELEINE, éperdue.

Vous aimez Molière ? Vous mentez !

ARMANDE, jetant un coup d’œil sur la porte du cabinet, qui est restée ouverte et élevant la voix.

Je mens ?… Et qui voulez-vous donc que j’aime, si ce n’est Molière ? N’est-il point le plus grand, le meilleur, le plus