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me mépriser. Mais vous avez ri trop tôt, et, si je suis malheureux plus que je ne le puis dire, du moins je ne suis pas encore coupable… Ne riez donc pas trop, Armande, je ne suis point un lâche !… Vous me considérez comme un enfant ; mais j’ai quelque fierté, et j’en aurai peut-être assez, cette fois, pour vous prouver que j’étais un homme… un homme que vous voulez briser et qui succombera peut-être sous sa douleur, mais non pas sous votre caprice.

Il sort avec impétuosité.




Scène VI



ARMANDE, seule.

Oui, c’est un homme ! un homme assez fort même, et il y aurait plaisir à le vaincre dans ses scrupules de conscience ! J’ai ri trop tôt !… Non ! On s’engage soi-même plus qu’on ne pense dans ces sortes de combats, et Baron n’est point l’époux qu’il me faut. Il est jeune, il est beau, il plaît par sa figure et le ton de sa voix, mais il ne sera peut-être jamais qu’un médiocre comédien ! Allons donc !… Mais voyons donc comment réussit à la cour cette comédie de Molière !

Elle prend sa pelisse pour sortir.




Scène VII


ARMANDE, MADELEINE, LE PRINCE DE CONDÉ, en habit de voyage.
CONDÉ, à Madeleine.

Non, non, je l’attendrai ici, puisqu’il y doit revenir tout à l’heure. Je ne suis point en costume pour me montrer. Sa Majesté me donne audience particulière après le ballet, et, en attendant, je veux serrer la main à Molière dans cet endroit retiré, qui convient mieux à un homme fatigué de campagnes et de voyages que l’éclat des fêtes royales… Mais voilà mademoiselle votre sœur, si je ne me trompe !