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d’une mission importante et que vous vous rendiez auprès de lui ?

LE CAVALIER, souriant.

Oui, oui, vous avez raison, c’est comme cela. C’est ce qui me doit excuser auprès de monsieur (montrant Brécourt) d’avoir fait main basse sur les apprêts de ce repas champêtre. (À Brécourt.) Puisque vous avez porté le harnais de guerre, mon brave, vous savez bien que faim et soif sont de grandes diablesses qui ne parlementent point volontiers.

BRÉCOURT.

Eh bien, oui, je l’avoue, on agissait souvent comme vous : on traitait son propre pays en province conquise. Tant pis pour le pauvre paysan ! tant pis pour le pauvre voyageur !

DUPARC.

Aussi s’est-il fait comédien par dégoût du métier de pillard et à seules fins de redevenir bon citoyen.

MOLIÈRE, riant.

Monsieur verra plus tard si, pour expier ses péchés, il lui convient de prendre le même parti que toi.

BRÉCOURT.

En attendant, je lui porte la santé du grand Turenne.

LE CAVALIER.

Volontiers, et celle du roi, si bon vous semble.

MADELEINE.

Moi, femme, je propose celle de la reine. Elle est malheureuse à l’heure qu’il est.

ARMANDE.

Quant à moi, je porte celle de M. le Prince ! Je suis frondeuse, et de la jeune Fronde encore ! Vivent les princes !

LE CAVALIER.

En vérité, ma belle enfant ?

ARMANDE.

J’ai l’humeur contredisante et ne puis souffrir de penser comme les autres.

MOLIÈRE, riant.

Armande se rend justice.