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rémy, prenant Claudie parla main et l’amenant à lui.

Claudie, c’est à mon tour de le prier ; refuseras-tu à ton père ?

claudie.

Je ne peux pas accorder à mon père ce que j’ai juré à Dieu de n’accorder à personne.

rémy.

Eh bien ! Dieu donne à ton père le droit de briser ton serment, et je le brise. Je t’ordonne de m’obéir et d’épouser cet homme juste. (Claudie chancelle et laisse tomber sa tête sur le sein de son père.)

sylvain, même jeu, de l’autre côté de Rémy.

Elle pâlit, elle souffre ! elle me déteste !

rémy, soutenant sa fille dans ses bras, et s’adressant doucement à Sylvain, avec joie.

Non ! elle t’aime, et la violence qu’elle se fait pour le cacher est au-dessus de ses forces. Mais je le sais moi elle a eu le délire en partant d’ici, elle a pleuré, elle a parlé ! Voilà pourquoi je suis revenu ! (Élevant ses mains.) Merci, mon Dieu ! qui m’avez permis de ne pas mourir avant d’avoir donné un bon soutien à ma fille ! (On entend une cloche lointaine ; à Sylvain et à Claudie.) À genoux, mes enfants. (Aux autres.) Mes amis, à genoux ! C’est l’Angelus qui sonne. (Il reste seul debout.) C’est l’heure du repos ! Qu’il descende dans nos cœurs, le repos du bon Dieu, à la fin d’une journée d’épreuves, où chacun de nous a réussi à faire son devoir ! Demain cette cloche nous réveillera pour nous rappeler au travail ; nous serons debout avec une face joyeuse et une conscience épanouie. (Relevant les enfants. Tous se lèvent.) Car le travail, ce n’est point la punition de l’homme c’est sa récompense et sa force. C’est sa gloire et sa fête ! Ah ! je suis guéri et je vais donc enfin pouvoir travailler ; je n’ai pas eu ce contentement-là depuis la gerbaude.