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savez mieux parler que moi, chercher à me prendre pour une bête.

la mère fauveau, se mettant entre eux.

Eh bien, eh bien ! allez-vous point vous quereller à cette heure ?

rose, de même, attirant Rémy à elle.

Qu’est-ce qu’il y a donc ?

fauveau.

Il y a que ce vieux-là est trop entêté de son orgueil.

rémy

Mon orgueil ! non ! ce n’est point ça, père Fauveau, vous ne me comprenez pas. Il est tombé, mon orgueil, je l’ai mis aujourd’hui sous mes pieds ! J’ai rendu cet hommage au grand juge qui m’a fait retrouver ma force et ma raison comme par miracle au moment où ma fille outragée en avait besoin ! J’ai été colère, j’ai été fou un moment. C’était la maladie qui se débattait en moi avec la guérison. Mais au moment après, tenez, ma vue s’est éclaircie, et il m’a semblé, comme je m’en allais d’auprès de vous autres, que je voyais la vérité du ciel face à face. Alors, tous vos ménagements, et ma fierté à moi, mon orgueil, comme vous dites, tout ça se dissipait comme un brouillard devant le soleil du bon Dieu. Oui, Dieu est grand ! Dieu est juste ! Il veut que la justice règne sur la terre !

Le père Fauveau a repris sa place et garde le silence. Sylvain, qui s’est levé, vient s’agenouiller devant Rémy avec respect.

sylvain.

Vous dites vrai, homme de bien ! C’est pourquoi, mon orgueil, mon mauvais orgueil à moi, s’humilie devant vous, Je vous demande la main de votre fille, que vous m’avez enseigné à estimer comme elle le mérite. (Rémy lui fait signe que c’est à Claudie de répondre. — Sylvain, se levant, à Claudie.) Claudie, pardonnez-moi, acceptez-moi pour votre soutien. Je vous aimais à en mourir, et quand j’ai appris la vérité, ce n’était pas du blâme que je sentais. Non ! comme Dieu m’entend ! C’était de la jalousie, mais je ne serai même plus jaloux. Je n’ai plus