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rémy.

Non ! excusez-moi, je suis très vieux ; je sors d’une grosse maladie ; j’ai quasiment perdu la souvenance.

denis.

Est-ce un jeu, père Rémy ? Vous ne vous souvenez plus de…

rémy.

Je ne me souviens plus de rien, et ne peux point accepter votre argent sans savoir comment je l’ai gagné.

denis.

troublé. Gagné, gagné ! je ne dis point ça ! Je sais bien que vous n’avez jamais été consentant de ma sottise. Vous êtes un honnête homme, je ne vas pas contre. Vous avez cru que je recherchais votre fille pour le mariage.

rémy.

Vous me l’avez donc demandé en mariage ? La, sérieusement ? en famille ? avec parole d’honneur ? Attendez donc que je me souvienne !

denis.

Allons, allons ! vous vous souvenez de tout et je ne prétends pas nier. Oui, je vous ai donné parole de ma part et celle de mes parents. Mais je ne croyais pas vous tromper ! Vrai ! je ne le croyais point ! J’étais tout jeune, tout franc, tout bête ! J’étais amoureux et je ne me méfiais point de moi. Votre fille était une enfant, elle ne connaissait point le danger. On allait ensemble, comme deux accordés, sans songer à mal. Et puis voilà qu’on succombe sans savoir comment, on se marie, le bon Dieu pardonne tout, et le mal n’est pas bien grand.

rémy.

avec reproche. Le mal est grand quand le garçon n’épouse point. Ça prouve qu’il a de bonnes raisons pour se dédire ; et sans doute que vous, honnête homme, vous avez connu que ma fille ne serait point une honnête femme ? Elle était coquette,