Si tu crois ça, il faudrait… il faudrait…
Qu’est-ce, qu’il faudrait ? Jamais ces gens-là ne voudront revenir céans ! On les a trop molestés, en leur reprochant leur mauvais sort !
Je sais que j’ai été trop loin, ça c’est vrai, et j’en ai été repentant tout de suite ; mais j’ai fait tout mon possible pour les raccoiser. Ils n’ont voulu entendre à rien. Ils sont trop orgueilleux, aussi ! Laissons-les aller. On se raccommodera plus tard à l’occasion. (Se levant.) Tiens ! On leur enverra cinq boisseaux de blé pour leur hiver ! Mais faut d’abord tâcher de reconsoler Sylvain. Où est-il à cette heure ?
Il est dans la grange, étendu sur un tas de paille, la tête tout enterrée en avant, comme quelqu’un qui ne veut plus rien dire, rien voir et rien entendre.
Peut-être qu’il dort ?
Oh ! non, qu’il ne dort pas ! Il étouffe l’envie qu’il a de gémir et de crier. Il s’est jeté là comme un homme qui a plus de peine qu’il n’en peut porter. Quand je m’approche de lui, il fait comme s’il dormait ; mais votre neveu Jean, qui est là caché derrière la crèche, et qui m’a juré de ne pas le perdre de vue, m’assure qu’il pleure en dedans et qu’on entend son pauvre cœur qui saute et gronde comme une rivière trop pleine.
Il finira par entendre raison, laissons-le pleurer son saoul.
Oui ! oui ! trouvez-lui des larmes ! Comme si c’était bien aisé à un homme qui a de la force de se fondre comme une neige au soleil ! Je vous dis qu’il ne pleurera point et qu’il