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claudie.

revenant à gauche près de la mère Fauveau. Il vous a parlé ? Et qu’est-ce qu’il vous disait ?

la mère fauveau.

Il me demandait si le médecin l’avait condamné, et s’il en avait pour longtemps à durer comme ça sans rien faire.

claudie.

regardant son père. Pauvre père ! Je sais bien qu’il regrette ne n’être pas mort sur le coup. Mais voyez-vous, quand je devrais le garder comme ça, en misère, je ne plaindrais pas ma peine. Ah ! tout ce que le bon Dieu voudra, pourvu que je le conserve ! Vous ne savez pas quel homme c’était, mère Fauveau ! (Elle s’essuie les yeux à la dérobée.)

la mère fauveau.

lui prenant la main. C’est pour cela, ma pauvre Claudie, qu’il vous faut rester encore. Il ne manque rien ici, et vous pouvez le voir à chaque moment.

claudie.

Je sais qu’il ne sera jamais aussi bien que chez vous, ni moi non plus !

la mère fauveau.

Et bien, alors ?

claudie.

J’attendrai encore une quinzaine pour vous obéir. Aussi bien, je vous serai utile pour vous dériver et sécher votre chanvre. Et après ça, malgré vos bontés, je m’en irai, parce que je crois que c’est mon devoir. Allons, je m’en vas chercher la fournée. J’emmènerai mon père jusqu’au cellier. Ça le promènera un peu. (Elle s’approche de son père et le fait lever sans qu’il fasse de résistance ni paraître se soucier de ce qu’on veut faire de lui.)

la mère fauveau.

parlant haut. Il faut prendre l’air, père Rémy, ça vous vaudra mieux que d’être toujours dans la cheminée.