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dons point. On est misérable, mais, avec votre permission, on est aussi fier que d’autres. Qu’on nous paye comme un et nous serons contents.

sylvain.

bas à son père. Vous voyez, mon père, c’est du monde bien comme il faut, et si vous aviez vu, comme moi, le comportement de ce vieux et de sa petite fille, vous auriez eu le cœur fendu de pitié. Oui, ça fait mal de penser qu’il y a des pauvres chrétiens assez mal partagés pour être forcés de prendre des ouvrages au-dessus de leurs âges et de leurs moyens. Un homme de quatre-vingt-deux ans, et une femme, suivre la moisson qui est la plus dure de toutes les fatigues dans nos pays ! Par ce grand soleil et ce vent du midi qui vous sèche le gosier et vous brûle les yeux ! Vrai ! c’est bien dur, et jamais charité n’aura été mieux placée que celle que vous leur ferez.

fauveau.

Allons ! Tu me persuades tout ce que tu veux. (À Rémy et à Claudie.) Va pour trois francs, puisque mon garçon dit que c’est dans la justice. (À part, en allant à la table.) Faut que je me dépêche, car Sylvain me ferait accroire de leur donner trois francs quinze sous !

sylvain.

à Claudie. Mais vous n’allez point nous quitter comme ça ? Vous ferez la fête avec nous, un bon repas restaurera votre père, et vous passerez la nuit chez nous ! Ma mère le veut d’abord !

la mère fauveau, de sa place.

Oui, oui, le vieux serait trop fatigué de se mettre en route après une journée de travail

rémy.

Merci pour vos honnêtetés, mes braves gens, mais on voudrait s’en aller ; nous marcherons mieux par la fraîcheur. Mais pour ne pas être méconnaissant de vos civilités, on boira un coup pour arroser la gerbaude quand elle entrera, et Claudie donnera un coup de main aux femmes de la maison pour les aider à servir le repas. (À Sylvain, qui lui remet de l’ar-