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rose.

Tu m’as déjà dit ça. Ton Sylvain est un bon sujet, je ne vas pas contre ; mais qu’est-ce qu’il a ? Ses deux bras, et rien avec.

fauveau.

Et son bon cœur pour vous aimer ?… et sa bonne mine pour vous faire honneur ?… et ses petites connaissances pour régir vos biens ? Savez-vous qu’il lit, écrit et fait les comptes quatre fois mieux que votre Ronciat ?

rose.

Je sais qu’il n’est pas bête ni vilain, et qu’une femme n’aurait point à rougir de lui ;… mais il a un défaut, ton Sylvain ! un grand défaut, qui pourrait bien molester le sort d’une femme.

fauveau.

Quel défaut donc que vous lui trouvez ?

rose.

Il est… je ne sais comment dire. Il est trop critiquant, trop près regardant à la conduite des femmes. Il n’excuse pas le plus petit manquement, il voit du mal dans tout, il trouve de la coquetterie dans un rien ; enfin, je crois qu’il serait jaloux et querelleux en ménage.

fauveau, embarrassé.

Ah ! pour ça, vous vous trompez bien.

rose.

Non ! non ! je le connais, va ! je l’ai observé ! et, ma fine, tant qu’à prendre un homme qui vous fasse enrager, autant vaut le prendre un peu riche.

fauveau.

Je sais bien qu’il ne l’est point ; aussi, je ne vous parle pas de lui. Il n’y prétend rien, lui, le pauvre enfant, il n’oserait. Et si pourtant, il vous aime, voyez-vous ! Il ne donne pas un coup de pioche à vos terres sans avoir dans son idée de vous contenter.

rose.

Vrai ? tu crois ?