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che d’une pelle ou les orillons d’une charrue pour tout au monde… ça fait de rudes embarras et de la pauvre ouvrage ! Votre Denis Ronciat, je vous le dis, moi, au risque de vous offenser, votre Denis Ronciat ne vous convient point. C’est un coureux de femmes, une tête à l’évent, un poulain désenfargé.

rose.

Je sais ça et ne tiens point à lui… Cependant il a des biens du côté de Jeux-les-Bois, des beaux biens, à ce qu’on dit.

fauveau.

Ses biens ! ses biens ! les connaissez-vous ?

rose.

Non ; j’ai jamais été par là.

fauveau.

Ah ! c’est que je les connais, moi ! C’est du bien de Champagne, comme on dit ; chéti’ pays ! terre de varenne ! c’est maigre… Les plus mauvaises terres de chez nous seraient encore de l’engrais pour les meilleures des siennes… Et puis c’est mal gouverné ! un propriétaire qui, depuis quatre ou cinq ans, ne réside point chez lui ! À cause, qu’il ne réside plus chez lui ?

rose.

Je ne sais pas… Pour l’instant, il dit que c’est à cause qu’il est amoureux de moi qu’il s’est établi par ici.

fauveau.

Il n’y a pas cinq ans qu’il vous connaît, il n’y a pas seulement six mois. Et, avant, où a-t-il passé ? Partout, excepté chez lui. Un homme qui ne se plaît point dans son endroit, c’est pas grand’chose, je vous dis, et peut-être bien que ça a plus de dettes que de quoi les payer.

rose.

Je ne te dis pas non… Ah ! c’est diantrement malaisé de bien choisir.

fauveau, avec intention.

Tenez, sans comparaison, il vous faudrait un homme comme mon Sylvain.