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SÉVÈRE.

On ose dire ça ! Où est ma quittance ? peut-on me la montrer, ma quittance ?

FRANÇOIS, élevant la voix.

Parbleu ! oui.

Ils se lèvent.
SÉVÈRE, troublée.

Comment, oui, oui ? Il n’y a pas besoin de tant crier, je ne suis point sourde. Faites-la donc voir, cette quittance ; je serais bien aise qu’on me la fit voir !

FRANÇOIS.

On vous la fera voir devant les juges si vous voulez plaider ! (À part.) Elle est bien inquiète.

SÉVÈRE, se remettant.

Ah ! bien, je connais ça ; on veut m’éprouver, on croit me faire peur ! Tu joues mal ton rôle, champi ;’tu as cru me prendre au piège. (Avec un rire forcé.) Mais c’est peine perdue, mon gars ; je suis dans mon droit, et je plaiderai jusqu’à ce qu’elle paraisse, cette fameuse quittance.

FRANÇOIS, tranquillement et feignant de chercher sa poche.

Vous voulez donc la voir absolument, cette pauvre quittance du bon Dieu ? (À part.) Voyons jusqu’où elle ira ! le premier papier venu ! (Il tire un papier de sa poche en ayant l’œil sur tous les mouvements de Sévère.) Oh ! elle est écrite de votre belle main, madame Sévère, et, quand je l’ai retrouvée, j’ai eu envie de baiser votre signature.

SÉVÈRE, voulant saisir la quittance.

Ce ne peut être ma signature, voyons !…

FRANÇOIS, remettant tranquillement le papier dans sa poche.

Prenez donc garde, madame Sévère, vous allez vous échauffer le sang ! et, à cette heure, auriez-vous point affaire à votre logis ? J’ai dans mon idée que vous feriez bien d’y retourner, car il y a ici un bon bras…

SÉVÈRE, effrayée.

Malheureux, tu oses menacer une femme !