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CATHERINE.

Il n’est plus si petit ; mais il est toujours aussi fafiot. La Sévère, qui fait métier de présenter des galants à la petite, favorise son neveu, comme de raison. La petite est coquette ; elle n’ose plus aller chez la Sévère ; mais la Sévère lui parle sur les chemins, ou le dimanche à la messe. Elle la flatte, et j’ai grand’crainte qu’elle ne la gouverne trop. Par son moyen, elle sait tout ce qui se fait ici, et elle s’en servira pour nous ruiner.

FRANÇOIS.

Mais, moi, je suis là, et nous verrons bien ! Tu es sûre que M. Blanchet avait payé ? tu le lui as entendu dire ?…

CATHERINE, levant la main.

Aussi vrai que je n’ai jamais volé, moi.

FRANÇOIS.

En ce cas, c’est sûr, et c’est tout ce qu’il me faut. Tranquillise-toi, Catherine, et d’abord commençons par le plus pressé. Où est le meunier ?

CATHERINE.

Parti, François ; on lui devait deux ans de gages.

FRANÇOIS.

Et le garçon du moulin ?

CATHERINE.

C’est notre pauvre petit Jeannie qui fait aller le moulin à lui tout seul ; mais bientôt il n’aura pas grand’peine, car toutes nos pratiques nous ont quittés. Quand on est dans le malheur !… Nous sommes là sans un denier : tout est saisi, bientôt nous n’aurons pas un morceau de pain, pas un œuf, pas un fagot !…

FRANÇOIS.

Ai-je bien fait de revenir !… Allons, Catherine, j’ai gagné un peu d’argent chez mes maîtres, et j’apporte de quoi remédier au plus gros du dommage. Nous allons racheter le nécessaire, et, quant au moulin, s’il y a du désarroi, je n’ai pas besoin de charron pour le remettre en danse… (À Jeannie, qui sort de chez sa mère.) Il n’est point tard, et il faut que mon Jean-