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de la barbe pour de bon !… (Elle se frotte la joue.) Dame ! ça ne piquait pas du tout quand tu es parti… et, à présent, ça picote. Quels bras !… quelles mains !… un ouvrier comme ça en vaut deux. Combien donc est-ce qu’on te paye là-bas ?

MARIETTE, à Madeleine.

Est-elle hardie, cette Catherine, d’examiner comme ça ce garçon ?

MADELEINE.

C’est qu’elle l’a vu tout petit, et qu’elle le regarde aussi comme son enfant.

MARIETTE, lui versant à boire.

Mangez donc mieux que ça !… vous ne vous nourrissez quasi point. Catherine, fais donc flamber le feu, il ne fait point chaud ici.

FRANÇOIS.

Ne faites pas attention à moi, demoiselle… (la regardant) demoiselle Blanchet, car, sans vous offenser, vous ressemblez à votre défunt frère.

MADELEINE.

Oui, c’est ma petite belle-sœur. Tu ne la connaissais pas, François ?… Elle est avec moi depuis six ans,… depuis ton départ. Avec Jeannie et toi, ça me fait trois beaux enfants !… Mais mange donc !

FRANÇOIS, se levant.

Je suis si content d’être là, que je n’ai envie de boire ni de manger… Mais vous toussez beaucoup, madame. Blanchet ?

CATHERINE.

C’est que, de vrai, il ne fait point chaud ici. Je vas vous remettre dans votre chambre, notre maîtresse, et vous y servir votre soupe.

FRANÇOIS, à Madeleine, qui veut se lever.

Qu’est-ce que vous faites ? vous voulez donc vous rendre plus malade ?

MADELEINE.

Tu as raison, mes forces ne sont pas encore revenues.