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(Ce qui me consterne en ce moment, c’est la mortelle froideur qui préside à la lutte des idées, tandis qu’on se met tout en feu pour le citoyen N…, ou pour M. X…, lesquels la plupart du temps, n’ont d’idées ni l’un ni l’autre. C’est toujours l’histoire de la maquette de cire qu’on tourmente avec des aiguilles et qui n’en peut mais, car la vie et la pensée ne sont point en elle.)

Notre polémique s’abaisse de plus en plus, faute de charité. J’ai dit le mot, je le maintiens et je l’explique.

Je ne voudrais pas que la perfection de notre âme fît fausse route, et que nous vinssions à être autant de Sylvio Pellico, tous prêts à tendre la joue aux soufflets et le cou au couteau. Par charité je n’entends pas la résignation catholique, mais la bonté chrétienne, cette bonté de la force qui épargne d’autant plus le caractère de l’homme, qu’elle confond avec plus d’énergie l’erreur où son âme est plongée. On peut maudire l’action sans maudire le coupable. La distinction n’a rien de subtil, et, pour que notre plume la fasse tout naturellement, il ne s’agirait que d’avoir en