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considérations de fait. Mais nous, soldats de la presse, à quelque degré que nous soyons dans la hiérarchie du dévouement et de l’activité, nous avons à nous préoccuper du mal qui existe, de la manière dont notre mission s’accomplit, et faire nous-mêmes, en quelque sorte, le règlement de notre armée.

Qu’on me permette donc de le dire, j’ai toujours rêvé,

Car que faire, en un gîte, à moins que l’on ne songe ?

j’ai toujours rêvé une polémique que je n’ai trouvée nulle part ni dans le passé, ni dans le présent ; une polémique dans laquelle la loi n’aurait point à intervenir pour décider si l’on doit s’arrêter au seuil de la vie privée, ou si la vie privée de l’homme public devait être soumise à l’examen de l’opinion publique. Il me semblait que, sous ce rapport, les lois existantes donnaient aux citoyens diffamés ou calomniés des droits suffisants pour se défendre, plus que suffisants peut-être. Mais ces lois mêmes attestent des nécessités que, dans mon rêve, je voudrais voir disparaître parle seul fait de la morale publique et delà dignité bien entendue de la polémique.