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vous. Vous avez rougi en voyant ces malheureux se prosterner dans la poussière pour demander la grâce de leurs frères et de leurs compagnons, et votre orgueil ne s’est pas réjoui devant l’humiliation de cette race d’enfants égarés, à la fois violents et faibles, qui vous appelent encore maîtres, et qu’il faudrait élever dans la sphère des êtres humains, au lieu de les châtier sans pitié quand ils ont violé des lois qu’ils ne connaissent pas.

Quelque chose d’affreux vient de se passer à Guéret. Les ouvriers de la ville se sont vus forcés de tuer les ouvriers de la campagne. Sans doute, dans toute querelle le premier coupable c’est le provocateur, et il est avéré que la campagne a attaqué la ville, dans cette funeste rencontre. Une nuée d’orage menaçait la cité ; la cité s’est préservée. L’artisan a défendu ses foyers, l’autorité a fait mille efforts pour empêcher la collision. De chaque côté, des citoyens ont été aux prises pour un intérêt collectif, le paysan croyant à tort que la ville devait être responsable des rigueurs de la loi, les citadins ne pouvant décliner cette responsabilité dans un moment où l’aveugle colère du