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en renom aujourd’hui ont le sentiment monarchique et une répulsion invincible pour l’égalité.

Qui combat en effet l’idée divine de l’égalité parmi les hommes avec le plus d’amertume et de fureur ? Ce sont les artistes et les littérateurs ; ils ont toujours l’air de revendiquer un droit, un privilège, quand ils s’écrient : « Non, le génie n’est pas départi à tous les hommes, la poésie est un sacerdoce. » L’alexandrin doit régner sur le monde. L’humanité à genoux doit adorer le littérateur, fils aîné de Dieu.

Voyez Victor Hugo à chaque ligne, à chaque parole. Deux hommes seuls ont été logiques en passant de la littérature à la politique. M. Lamartine politique ne voulut plus entendre parler de M. Lamartine poète. Déranger poète n’a pas voulu entendre parler de Déranger député. Proudhon a fait son article évidemment ad hoc pour la circonstance, et pour écarter la candidature des hommes de lettres. Ni Balzac, ni Dumas, ni Hugo, qui eussent été d’excellents pairs de France sous la monarchie, ne peuvent donner au peuple de garanties pour la représentation nationale. Balzac fait d’admi-