Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serez écoutées sans préventions. Mais ne proposez pas vos candidatures de femmes, car elles ne peuvent pas être prises au sérieux, et c’est en soulevant des problèmes que l’opinion refuse d’examiner que vous faites faire à cette opinion maîtresse du monde, maîtresse de l’avenir puisqu’elle seule décide en dernier ressort de l’opportunité des réformes, une confusion étrange et funeste.

Si dans vos écrits vous plaidiez la cause de l’égalité civile, vous seriez écoutées.

Il est beaucoup d’hommes sincères qui se feraient vos avocats, parce que la vérité est arrivée sur ce point à régner dans les consciences éclairées. Mais on voit que vous demandez d’emblée l’exercice des droits politiques, on croit que vous demandez encore autre chose, la liberté des passions, et, dès lors, on repousse toute idée de réforme. Vous êtes donc coupables d’avoir retardé, depuis vingt ans que vous prêchez sans discernement, sans goût et sans lumière l’affranchissement de la femme, d’avoir éloigné et ajourné indéfiniment l’examen de la question.

Solidaire auprès des railleurs, de tout ce