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des poètes et des romanciers. Elles n’exciteront plus les désirs des libertins ou la curiosité des désœuvrés. La cruauté de l’époux qui se venge ne sera plus la justification de la femme qui expie. Une éternelle douleur, d’autant plus profonde qu’elle sera plus secrète, s’attachera au cœur de la femme qui aura trahi sa foi et failli à ses devoirs. Jusque-là, n’attendez pas que votre société corrompue s’amende. Plus vous invoquerez les lois répressives, plus vous provoquerez l’oubli des lois morales. Plus vous déclamerez contre l’adultère, plus vous vous en moquerez vous-mêmes, car qui commet l’adultère, qui trouble la paix des ménages, qui trompe son meilleur ami, qui répond aux provocations de la femme galante, qui profite de l’inexpérience de la femme naïve, qui se moque des maris trompés si ce n’est vous, hommes de peu de foi ?

Mais peut-être aimez-vous mieux que les choses restent comme elles sont, hommes du monde, oisifs et libertins, heureux du siècle, qui mettez à mal la femme d’autrui et qui faites bon marché de l’honneur de la vôtre puisque vous l’avez prise ou comptez la prendre