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par entraînement, ne soit pas flétrie et punie publiquement, déshonorée aux yeux de ses enfants, mise ainsi dans l’impossibilité de revenir au bien, et dans la nécessité de haïr à jamais l’auteur de son châtiment et de sa honte.

Punir l’adultère, on ne saurait trop insister sur ce point délicat, le plus sérieux et le moins sérieusement traité par l’opinion, punir l’adultère est une loi sauvage et faite pour perpétuer et multiplier l’adultère. L’adultère porte en lui-même son châtiment, son remords et ses ineffaçables regrets. Il faut qu’il soit une cause suffisante de divorce ou de séparation pour le mari qui ne peut en supporter l’outrage. Mais cette loi qui permet à l’homme de reprendre sa femme déshonorée et mise par lui en prison, cette loi qui force la femme à revenir savourer goutte à goutte le martyre de sa dégradation et à le subir à toute heure en présence de ses enfants, c’est là une loi infâme, odieuse, et qui déshonore encore plus l’homme qui l’invoque que la femme qu’elle frappe. C’est une loi de haine et de vengeance personnelle. Les résultats de son application c’est