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Ceux qu’il appelle martyrs avaient-ils une idée ? Nous attendons que l’histoire nous la révèle, mais nous avouons qu’à travers l’arbitraire grossier, la haine aveugle, l’absence totale de patriotisme, le meurtre barbare et l’incendie sauvage, nous ne pouvons la saisir. Nous ne voyons que le violent conflit des faits, et volontiers, avec le poète, nous accusons le passé sinistre et déplorable dont ces faits sont la conséquence forcée.

Est-ce une raison pour n’avoir rien à dire aux hommes du présent, à ceux de gauche autant qu’à ceux de droite, sur les monstrueuses erreurs, sur les sauvages passions qui les ont fait descendre dans l’arène ? L’ignorance est le grand mal : oui, l’ennemi commun, certainement. La superstition devait amener l’athéisme, l’inégalité excessive devait provoquer la haine sociale, l’égoïsme des satisfaits devait pousser à la fureur l’égoïsme des mécontents. Mais, de part et d’autre, les torts et les crimes, la colère et l’aveuglement, l’imprévoyance et l’imbécillité des partis extrêmes ont une égale responsabilité dans le désastre.

Se mettre dans un des plateaux de la balance