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de la situation, elle a manqué de lumière et, pour longtemps peut-être, nous voici sans boussole. On nous met un frein : un frein n’est pas un phare.

Ceci est une première impression, l’impression d’une personne absolument désintéressée comme situation, mais fidèle à cette notion que l’homme de la France était absolument lié à l’établissement d’une République durable. Tout ce qui nous éloignera de ce but sera une honte et une décadence.

La nation qui a tant lutté pour la liberté ne peut plus renoncer à la liberté sans être humiliée et avilie à la face du monde. Vaincue et envahie deux fois sous le régime militaire, elle avait quelque chose à chercher de plus grand que la revanche des armes, elle avait à se faire respecter par la dignité de ses institutions, par la fécondité de son travail, par le civisme fier et soutenu de ses mœurs. L’occasion s’offrait admirable et bienfaisante, au milieu du trouble où l’avaient jetée des désastres sans nom. Elle avait trouvé un esprit mûr, sage, persévérant et pénétrant, le seul capable de constituer un grand parti, parce